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Rencontre avec Olga Yaméogo

Rencontre avec Olga Yaméogo

Comment est né votre intérêt pour l’art?

Je crée depuis l’enfance mais je ne considérais pas cela comme de l’art à l’époque. Dessiner, peindre étaient des activités récréatives. J’ai eu de la chance car, étant en Afrique, ce ne sont pas tous les parents qui auraient calmé une enfant très active et turbulente en lui proposant des activités créatives et en lui donnant du matériel. Mon univers a toujours été entouré par la création.

Comment définiriez-vous l’artiste?

J’ai mis du temps à me penser comme artiste. Avec du recul et de l’expérience, je dirais que c’est le regardeur qui fait l’œuvre. Je ne me suis jamais considérée comme une artiste avant cette confrontation avec le public. C’est à travers le regard de l’autre que j’ai pu considérer mes créations comme des œuvres d’art.

Vos modèles sont souvent des personnes de votre entourage, pourtant votre œuvre dépasse le caractère personnel pour aborder des sujets plus larges tels l’immigration; l’identité, etc? Comment parvenez-vous à donner au portrait un caractère universel ?

j’ai toujours travaillé par série. J’ai d’abord initié des travaux sur l’identité car cette thématique faisait écho aux questionnements que j’avais. En effet, je me suis beaucoup interrogée sur ma place, je souhaitais aussi me définir par rapport à mon histoire familiale. Dans la continuité de mes travaux sur l’identité, j’ai ensuite abordé le thème de l’immigration. C’est un sujet auquel nous sommes malheureusement régulièrement confrontés puisque les migrations et les tragédies qui les accompagnent font régulièrement la une de l’actualité. Ainsi nous avons tous conscience de ces réalités. Mais pour moi cela me renvoie également à ma propre immigration. Tout comme moi, ces migrants quittent le continent africain pour l’Europe mais leurs conditions de voyage sont différentes. Ceux qui parviennent à atteindre l’Europe en échappant à la mort doivent ensuite affronter d’autres difficultés pour se créer une place ici. Le voyage est très difficile et l’intégration l’est aussi.

Pour me faire une place dans la culture occidentale, il m’a fallu du temps. Aujourd’hui cela m’apparaît comme un enrichissement. C’est pourquoi la thématique de la migration puis celle de la rencontre des cultures m’ont beaucoup inspirée. Elles résonnaient en moi et étaient liées à mon expérience personnelle.

La série de portraits de mes proches que je présente à AKAA renvoient à la période du Covid. Pour ma part, durant ces confinements je me suis renfermée sur moi-même afin de me protéger et de protéger les gens que j’aime. Dans ce contexte d’isolement, où les activités et la vie sociale étaient limitées, nous nous sommes recentrés sur la famille. Nous étions proches émotionnellement mais il était impossible de rendre visite à ces personnes qui nous sont chères car nous avions peur d’être dangereux pour elles. Ainsi, mon travail sur le portrait que je mène depuis deux ans est né de cette solitude et de l’attention particulière accordée à mes proches. C’était pour moi une question de survie.

Olga Yaméogo dans son atelier
Pour me faire une place dans la culture occidentale, il m’a fallu du temps. Aujourd’hui cela m'apparaît comme un enrichissement. C’est pourquoi la thématique de la migration puis celle de la rencontre des cultures m’ont beaucoup inspirée. Elles résonnaient en moi et étaient liées à mon expérience personnelle.

Vous représentez souvent des femmes à travers vos portraits, pourquoi? Quelles images de celles-ci souhaitez-vous renvoyer?

Ce n’est pas une image particulière que je souhaite renvoyer mais davantage une façon de me projeter dans mon travail. J’ai été élevée par une mère seule avec cinq filles et un garçon. Aujourd’hui J’ai peu d’amies filles car j’ai plus d’affinités avec les garçons mais les femmes sont tout de même très présentes dans mon entourage. Ce qui m’intéresse c’est la capacité d’introspection qu’elles ont souvent.

Selon vous, quelle place occupe l’identité de l’artiste dans son œuvre?

Lorsque l’on crée on peut se libérer et être soi-même. Mon identité est multiple, elle est franco-africaine car j’ai grandi au Burkina Faso et ma vie de femme adulte est française. Je suis riche de cela. J’ai construit au cours de mon parcours une certaine manière d’être au monde qui peut se ressentir dans mon travail. Je n’aime pas être enfermée et je pense que l’art me permet d’être moi-même.

Written by: galerievéroniquerieffel

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